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La reconnaissance au travail ou comment favoriser le bien-être de ses collaborateurs de manière simple et peu coûteuse ?

En ce 1er mars 2021, journée mondiale du compliment, c’est l’occasion rêvée de parler de reconnaissance.

Un manque de reconnaissance avéré.

Notre société moderne étant en perpétuelle mutation, le monde du travail se complexifie et s’intensifie. Il est aujourd’hui demandé aux travailleurs de plus en plus d’efforts, en moins en moins de temps. Ces nombreuses exigences -parfois paradoxales-, les entraînent à être les plus performants et productifs possibles, au dépend de leur bien-être. Néanmoins, selon Christophe Dejours (2003), célèbre psychologue français spécialisé dans la psychodynamique du travail, le travail se base sur un continuum entre le plaisir et la souffrance. La question qui se pose alors est de savoir si l’effort que l’individu va produire va être suffisamment reconnu pour qu’il puisse éprouver du plaisir ou si au contraire, cette reconnaissance est insuffisante ne lui laissant que l’effort consenti et donc de la souffrance. Or, selon une étude réalisée par Deloitte pour Cadremploi (2015), 7 employés sur 10 déclarent qu’ils ne se sentent pas reconnus à leur juste valeur.

(https://www2.deloitte.fr/documents/deloitte_etude_qualite-vie-travail_2015.pdf)

La reconnaissance au travail : pourquoi faire ?

De nombreux collaborateurs souffrent donc d’un manque de reconnaissance. Malheureusement, le manque de reconnaissance entraîne des problèmes majeurs et complexes à gérer au niveau des Ressources Humaines et du management tels que : un mal-être, un manque de motivation, un manque de performance et même de l’absentéisme. Dès lors, au vu de ces problématiques liées à la mutation du travail, des revendications nouvelles émergent. Au-delà des demandes classiques portées sur le salaire ou encore sur les conditions de travail, c’est aujourd’hui un besoin de reconnaissance et de considération de soi et de son travail qui est réclamé.

De fait, la nature de l’Homme se traduit par des besoins psychologiques : d’estime de soi, de se développer, de reconnaissance, d’affiliation etc. Ce serait alors cette recherche de satisfaction des  besoins qui engendrerait la motivation. Si ces besoins ne sont pas satisfaits, l’Homme à l’impression de ne pas être à sa place et de ne pas être utile, l’empêchant alors de s’accomplir.  

Reconnaître fait donc du bien aux collaborateurs et à l’entreprise puisqu’elle permet d’augmenter le bien-être, la motivation et la performance.

Mais qu’est-ce que véritablement la reconnaissance au travail ?

Selon Jean-Paul Brun (2010) dans « Le pouvoir de la reconnaissance au travail » : la reconnaissance se traduit par le fait de :

–          Reconnaître la personne en montrant du respect et de l’intérêt pour autrui.

–          Reconnaître les résultats et les objectifs atteints.

–          Reconnaître l’effort, notamment lorsque les objectifs ne sont pas nécessairement chiffrables et objectivables.

–          Reconnaître les compétences tel que le savoir être (soft skills) et le savoir-faire (hard skills).

Pour aller plus loin, la reconnaissance se divise en deux champs :

–          Les actes de gratitude qui se traduisent par le fait de dire un simple bonjour, un merci ou encore un bravo. Ces actes du quotidien sont liés au savoir vivre et permettent de faciliter les interactions sociales.

–          La considération qui se traduit par le fait de faire participer les collaborateurs à la vie de l’équipe et de l’organisation, en leur demandant leurs avis et en les consultant vis-à-vis des décisions importantes. La considération traduit aussi le fait de s’intéresser véritablement aux collaborateurs de manière répétée afin de pouvoir s’adapter à leurs besoins.

Considération et rémunération ?

Alors que pendant longtemps on a pensé que l’argent suffisait à motiver ses collaborateurs, de nombreuses études ont démontré que les effets liés à la rémunération n’étaient pas durables. De même, selon une étude réalisée par l’IFOP (2012) on constate, pour 45% des travailleurs, que la reconnaissance participe au bien-être au travail, contre 41% pour le salaire. On constate ainsi que le besoin de reconnaissance est plus important que le salaire vis-à-vis du bien-être au travail.

(Communiqué IFOP Kelformation_Le bien être au travail_14 03 12)

Qui pour reconnaître ?

On pourrait naturellement penser que dans un groupe, la reconnaissance doit venir de son supérieur hiérarchique. Or, penser cela serait réducteur. La reconnaissance comprend donc la reconnaissance de la part de son manageur, mais celle-ci se fait également entre pairs et vis-à-vis de soi-même. Vous l’aurez compris, chacun a besoin de reconnaissance, y compris son manageur.

Comment s’y prendre pour reconnaître ?

Tout d’abord, si l’on se place du côté du manageur, manager c’est connaître son équipe et s’adapter en permanence.

Pour reconnaître il est essentiel :

–          De croire en la reconnaissance et en ses effets afin d’être le plus authentique possible dans ses actes.

–          De valoriser le groupe afin qu’il fasse corps, en veillant à ne pas oublier la part individuelle de chaque collaborateur.

–          D’être à l’écoute de ses collaborateurs : chacun à des besoins et des attentes particulières et chacun ne réagit pas de la même façon aux différentes formes de reconnaissance. Certains ont des besoins de travailler en autonomie et qu’on ait confiance en eux et en leurs compétences. D’autres encore ont le besoin de tisser des liens avec leurs collègues et instaurer une relation humaine basée sur l’écoute, le respect et l’empathie. Chacun a donc une réceptivité spécifique à la reconnaissance et une interprétation qui l’est tout autant.

–          De consulter ses collaborateurs lors de prise de décisions, de manière à leur démontrer qu’on les estime.

Au niveau de chacun, la reconnaissance c’est aussi :

–          Prendre le temps de savoir comment on fonctionne et à quel(s) type(s) de reconnaissance on est sensible.

–          Se reconnaître soi-même, en apprenant à se remercier et à être fier de soi et de ses efforts.

–          S’intéresser aux autres et comprendre comment eux fonctionnent. En effet, nous sommes tous singuliers. C’est donc par la prise en compte des particularités de chacun que commence la reconnaissance.

Quelles actions concrètes pour booster la reconnaissance ?

La reconnaissance se traduit par des actions très simples et faciles à réaliser.

–          Un petit appel pour s’intéresser à l’autre de manière sincère et non intéressée.

–          Féliciter ses collaborateurs pour leurs réussites et efforts.

–          Proposer un café à un collègue durant la pause.

–          Remercier ses collaborateurs dans un mail, les citer dedans et les mettre en copie.

–          Réaliser des feedback positifs.

Néanmoins il ne faut pas perdre de vu que la reconnaissance doit être sincère et qu’elle ne doit pas être forcée. Il est aussi important de penser la reconnaissance comme n’étant jamais acquise et comme le fruit d’un travail au quotidien.

Conclusion

Vous l’aurez donc compris, la reconnaissance est essentielle au bien-être et booste la motivation.  La reconnaissance repose ainsi sur le fait de s’ajuster aux besoins de chacun au quotidien et elle ne se résume donc pas simplement à des entretiens et des évaluations annuelles.

Enfin, n’oubliez pas que la meilleure manière de recevoir de la reconnaissance c’est d’en donner !

Dans de prochains articles nous traiterons de différentes théories motivationnelles, qui peuvent apporter des réflexions nouvelles en termes de pratiques managériales. Et vous le verrez : pour motiver ses collaborateurs, la reconnaissance est essentielle. A lire : Diez, R. & Carton, P. (2013). De la reconnaissance à la motivation au travail. L’Expansion Management Review, 3(3), 104-112. https://doi.org/10.3917/emr.150.0104

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